Les aventures de Petitboutdpaind'épice (5)
Les aventures de Petitboutdpaind'épice
Chapitre 5 : Un réveil en fanfare.
La maisonnée se réveilla en sursaut. Les cris de l'oiseau étaient très sonores. Petitboutdpaind'épice chantait gaiement à 6 heures du matin ! Il avait bien dormi, pelotonné dans les couvertures brunes du berceau. Il était prêt à commencer la journée !
Floriane se frotta les yeux. Toute sa famille était dans sa chambre et regardait celui qui les avait tirés de leur sommeil.
- Ce n'est pas possible ! disait Rosalie. Il ne va pas chanter tous les matins ! Je vais le donner à la voisine !
Sa petite sœur poussa un cri.
- Ne t'inquiète pas, Floriane, dit aussitôt son père. Rosalie ne fera rien du tout.
- J'ai une interrogation de maths, moi ! s'insurgea celle-ci en criant plus fort que Petitboutdpaind'épice qui, ravit d'avoir un auditoire aussi participatif, chantait de plus belle.
- Nous allons trouver une solution, dit fermement la maman de Floriane.
La fillette s'était levée et rapprochée de son oiseau. Il frétilla et se percha sur sa main.
- Il me souhaite simplement un joyeux anniversaire ! dit-elle.
Toute la famille poussa des cris si consternés que Petitboutdpaind'épice, battu à plate couture dans les décibels, cessa de chanter. Il tourna la tête de façon saccadée pour essayer de comprendre ces drôles de piaillements.
- Ma chérie ! soupira sa mère en lui caressant ses longs cheveux blonds et dorés qui luisaient à la lueur naissante de l'aurore, nous étions si absorbés par les cris de Bout d'épice que nous avons oublié de te le souhaiter.
Lorsque tout le monde fut retourné se coucher, Floriane gronda son petit oiseau.
- Il ne faut pas faire du bruit si tôt ! Sinon, tu ne pourras plus rester dans ma chambre. Tu ne voudrais pas dormir dans la véranda, n'est-ce pas ?
Le ton de sa voix était si doux que Petitboutdpaind'épice reprit confiance et accompagna les mots… de sa mélodie sonore.
Il fut décidé que l'oiseau aurait une belle cage à l'extérieur de la maison. Ainsi, la famille pourrait dormir plus paisiblement. Floriane était désolée. C'était la pire journée d'anniversaire de toute sa vie. Elle mit elle-même son petit oiseau à l'intérieur de la cage et remonta tristement dans sa chambre. Plus tard, elle se prépara pour l'école.
- Au revoir, Bout d'épice, murmura-t-elle tendrement. Il fait beau aujourd'hui, tu seras bien , là.
Petitboutdpaind'épice s'agita et cria misérablement en voyant Floriane partir sans lui. Il remua ses ailes et voulut la rejoindre, mais il heurta les longues tiges blanches très solides de la cage et retomba sur le sol recouvert de paille. Il attendit longtemps que la fillette revienne, mais elle tardait. Petitboutdpaind'épice tourna en rond, se posa sur l'un des nombreux perchoirs qui se balançaient et tourna de nouveau en rond, mais en sens inverse. Il picora quelques graines, but un peu d'eau, puis recommença son manège. Il n'était pas content. Pas content du tout ! Il ouvrit ses ailes et se précipita encore sur longues tiges blanches qui entouraient sa prison. Peine perdue. Elles étaient solides ! Autour de lui, d'autres oiseaux venaient le regarder, puis s'en allaient. Seul, il était seul. Un oiseau solitaire. La journée avait si bien commencé ! Il n'avait plus envie de chanter. Tout en faisant le tour de son logis, il passait une patte de temps en temps à l'extérieur de la cage, à travers les barreaux. Puis il passa sa tête. Ne restait plus que ses ailes et son corps. Il se fit petit, le plus mince possible. Au prix de nombreux efforts, il passa de l'autre côté des tiges blanches et tomba sur les pavés de la terrasse de la maison. Un peu sonné, il se redressa cependant et, voyant la porte ouverte, rentra à l'intérieur. Il fallait qu'il retrouve son petit nid du matin. Son petit nid à lui, dont il était le propriétaire. Une à une, il visita les pièces, se posa sur le divan, les chaises, les meubles, les armoires… Il explora tous les recoins de la maison. Soudain, il poussa un piaillement de joie. Une surface brune ! Il avait retrouvé son lit ! Petitboutdpaind'épice vola tout droit vers son but et se posa dessus. Oh ! Il enfonçait ! C'était bien étrange. Cela lui rappelait la boue du jardin de madame Hugues. On ne l'aurait pas, il ne s'enlisera pas. Ce n'était pas son lit. Il s'était trompé. Ouvrant ses ailes toutes grandes, l'oiseau réussit à s'envoler et reprit ses explorations. Plongeant dans les escaliers et sautillant sur le marches, il atteignit le palier du premier étage…
Floriane rentra de l'école et entra en trombe dans la maison pour passer directement au jardin. Elle poussa un cri.
- Bout d'épice n'est plus là ! cria-t-elle.
Sa maman resta consternée.
- Ma chérie, dit-elle, tu devrais aller voir le beau gâteau que je viens de te préparer à la cuisine, dit-elle pour la consoler.
Floriane, dont les joues ruisselaient de larmes, se laissa entraîner. Sur la table, il y avait un énorme gâteau au chocolat avec un gros trou sur le dessus.
- Oh ! s'écria sa mère, que s'est-il passé ? Il était parfait il y a dix minutes !
Floriane examina le trou et remarqua des empreintes familières. Les mêmes que laissaient les pigeons au bord des flaques d'eau de la rivière, mais en beaucoup plus petit.
- C'est Bout d'épice ! cria Floriane toute excitée, il est passé par là !
La fillette n'eut pas à chercher longtemps la direction prise par son oiseau. Toutes les marches étaient salies de taches bien ordonnées de chocolat. Vite, elle se précipita dans sa chambre et hurla de joie.
Petitboutdpaind'épice se réveilla en sursaut dans son berceau. Toutes ces émotions l'avaient épuisé et il s'était endormi. Lorsqu'il reconnut Floriane, il agita ses petites ailes de contentement.
- Mon petit oiseau, mon petit oiseau, sanglotait la fillette tout doucement en le débarrassant de la crème gluante qui séchait sur ses pattes et son ventre. Tu as retrouvé ton lit !
Peu après, toute la famille se rassembla autour de la table pour fêter l'anniversaire de Floriane. Madame Hugues fut elle aussi conviée et Petitboutdpaind'épice volait d'un convive à l'autre pour manger les miettes qu'on lui donnait. Le soir, il refusa tout net de regagner sa cage, agrippant obstinément la couverture brune du berceau.
- Je refuse d'être encore réveillée à six heures du matin ! s'écria Rosalie.
- Que faire ? demanda la mère des deux filles qui évitait le regard suppliant de Floriane qui voulait tant que son oiseau dorme près d'elle !
Le père regarda sa plus jeune fille avec compassion.
- Voilà ce que nous allons faire. Puisque nous avons accueilli ce petit Bout d'épice sous notre toit, eh bien, nous allons nous adapter à lui. Tout le monde ira se coucher plus tôt, voilà tout !
Floriane cria de joie et sauta au cou de son papa, de sa maman et même de sa sœur qui bougonnait. Puis elle se tourna vers le petit oiseau :
- Pain d'épice ! Tu seras notre réveille-matin !
Pendant plusieurs jours, très tôt, Petitboutdpaind'épice se dressa sur le bord de son berceau en chantant. Seule Rosalie enfouissait la tête sous ses couvertures en hurlant plus fort que l'oiseau qui pépiait alors de plus belle.
Un matin cependant, aucun bruit ne réveilla la famille…
( à suivre dès le 15 juin )
Belle journée à toi.