Les aventures de Petitboutdpaind’épice (7)
Que se passait-il donc ? Pourquoi tant d’agitation et de cris ? L’ambiance était pourtant joyeuse… Petitboutdpaind’épice essayait de suivre Floriane qui courait dans toute la maison en agitant les bras. Les petites ailes de son oiseau lui répondaient de la même manière. Elle portait avec elle quelque chose de très étrange ; quelque chose de bien plus gros que lui qu’elle faisait tournoyer en l’air. Et la fillette courait çà et là, en criant et en gesticulant. Enfin ! Lorsqu’elle eut posé la chose étrange, Petitboutdpaind’épice s’empressa d’aller y regarder de plus près. C’était rectangulaire. L’oiseau se percha sur le dessus et risqua un œil à l’intérieur. Comme il n'y voyait pas grand-chose, il s’aventura un peu plus loin… et tomba dedans.
Floriane était habituée maintenant à ce que son oiseau disparaisse mystérieusement. Il devait être caché dans quelque recoin de la maison. Ses parents la pressaient : il ne fallait pas être en retard pour le dernier jour d’école. La fillette ramassa son cartable et leur emboîta le pas.
Bien que soudainement balloté, Petitboutdpaind’épice ne s’inquiéta pas davantage. Il n’avait rien à craindre. On viendrait certainement très vite le délivrer de sa cachette qui l’avait emprisonné. Il s’installa donc très confortablement et attendit.
Les fenêtres ouvertes laissaient entrer dans la salle des parfums de fleurs et la chaleur les enveloppaient. Ils trépignaient, assis sur leurs chaises, attendant le signal de la fin de la leçon et celui du début des vacances.
- Enfin ! s’énerva la maîtresse, combien font six que je multiplie par quatre et que je divise par deux ?
Aucune réponse audible ne fut énoncée dans la classe. Le coude appuyé sur la table, le visage penché sur sa feuille, Floriane somnolait presque.
Dans le cartable accroché à la chaise, Petitboutdpaind’épice commençait à s’agiter. Quand donc allait-on venir le chercher ? C’en était trop. Grimpant le long d’un perchoir improvisé, il se retrouva à l’air libre et se rendit compte qu’il y avait plein de petits êtres géants comme sa chère Floriane autour de lui. De stupéfaction, l’oiseau émit un cri très sonore !
Les élèves se levèrent d’un bond, crièrent de joie et saluèrent le signal de ce début de grandes vacances en s’éjectant hors de la salle.
- Non, non ! cria la maîtresse, revenez !
Seule, Floriane n’avait pas bougé. Elle contemplait son petit volatile.
- Tu étais dans mon cartable ! murmurait-elle toute heureuse en le serrant contre son cœur.
- Que fait cet oiseau ici ? demanda la maîtresse quand elle put articuler un son.
- Petitboutdpaind’épice est un explorateur, expliqua la fillette, il a pris mon cartable pour une grotte.
Comme pour lui donner raison, « l’explorateur » émit une série de petits cris. Il recommença, recommença encore : Cui, Cui, Cui !
La maîtresse était désemparée ; tous ses élèves s’étaient enfuis à cause de cet oiseau. Après avoir prévenu le directeur de l’incident, elle partit d’un pas lent à son bureau derrière lequel elle s’installa pour enfouir sa tête dans ses mains.
Floriane prit Petitboutdpaind’épice sur son index et vint la rejoindre.
- C’est parce que nous n’avons pas réussi l’opération de mathématiques que vous pleurez ? demanda poliment la fillette.
- Non ! C’est à cause de cet oiseau !
Petitboutdpaind’épice sauta du doigt de Floriane pour piqueter de son bec le visage ruisselant de larmes de la maîtresse.
- Il vous aime bien.
Madame Martin se redressa et sourit faiblement. La fillette claqua dans ses doigts pour que Petitboutdpaind’épice émettent de petits piaillements.
- Voyez, dit-elle, à chaque fois, il pousse un cri.
A cet instant, penauds, tous les camarades de Floriane rentrèrent dans la salle sous la conduite du directeur. Le visage de la maîtresse s’éclaira et elle gronda gentiment ses élèves. Ceux-ci restèrent émerveillés à la vue de l’oiseau et chacun voulut le caresser. Puis madame Martin ordonna que tous reprennent leur place.
- Bien, s’écria-t-elle lorsque le directeur fut reparti, combien font six que je multiplie par quatre et que je divise par deux ?
De nouveau, les têtes se baissèrent et les élèves se concentrèrent exagérément sur leurs cahiers. Mais Floriane était toute ragaillardie par la présence de Petitboutdpaind’épice à l’école. Elle claqua doucement des doigts. L’oiseau répondit immédiatement.
- Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui ! Cui !
Une à une, les têtes de ses camarades se relevèrent et des doigts pointèrent vers le plafond.
- Douze, ça fait douze ! crièrent-ils en chœur alors que Petitboutdpaind’épice, gagné par l’ambiance joyeuse qui régnait tout à coup, chantait de plus belle. La maîtresse félicita la classe et l’oiseau tout en faisant un clin d’œil à Floriane. Elle souriait, tout en continuant les exercices, et souhaita ensuite de bonnes vacances à tous ses élèves. A sa grande stupéfaction, lorsque la cloche sonna, aucun élève ne bougea. Il fallut que Petitboutdpaind’épice se remette à chanter pour que tous se précipitent enfin dehors comme un seul homme. Floriane se joignit à eux après avoir dit au revoir à une madame Martin joyeuse et comblée.
La mère de Floriane rit beaucoup en entendant le récit de sa fille. Elle regretta néanmoins sa propre réaction irréfléchie:
- Peut-être Petitboutdpaind’épice pourrait-il venir à l’école avec toi à la rentrée, venait-elle de suggérer.
- Oh oui ! s’exclama Floriane.
C’est ainsi que, quelques minutes plus tard, tandis que leur fille et son oiseau couraient et volaient de ci de là, heureux et libres en cette veille de vacances, les parents de Floriane se rendaient auprès du directeur, eux-mêmes surpris par leur propre démarche…
(Suite dès le 19 juillet)
Il faudrait voir comment leur permettre d'y accéder facilement.